Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le bioblog de Sophie
22 août 2012

La philosophie de l'agriculture biologique

Rz_23www.photo-libre.fr

Un agriculteur biologique a forcément une conception de l'agriculture très différente d'un agriculteur conventionnel. On pourrait même parler de "philosophie de l'agriculture biologique".

Pour prendre un exemple, le maraîcher biologique ne se contente pas uniquement de supprimer l'utilisation de produits phytosanitaires chimiques. Son travail est avant tout basé sur une connaissance pointue des interactions sol-environnement-plante cultivée. Sa philosophie l'amène à travailler dans le respect de son environnement, de lui-même et des consommateurs.

Tout d'abord, il est important de bien comprendre que l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle résultent de deux visions complètement différentes du système « sol-plante-environnement ». Continuons sur l'exemple du maraîchage :

L’agriculteur conventionnel est focalisé sur la plante qu’il produit, quelque soit l’environnement de sa parcelle. Son objectif est de favoriser la plante cultivée. Pour cela, il éradique toute sorte de concurrence à l’aide d’insecticides (pour éliminer les insectes nuisibles), d’herbicides (pour éliminer la concurrence des « mauvaises herbes » et faciliter la mécanisation de la récolte) ou encore de fongicides (au revoir les champignons, même les gentils qui font vivre le sol).

Ceci étant fait, le sol ne peut plus remplir sa fonction nourricière, car les traitements chimiques ont certes fait disparaitre les nuisibles mais ils ont aussi éliminé la microfaune qui créée la vie du sol, et donc les nutriments pour les plantes.

Ses plantes ont donc faim.

Qu’à cela ne tienne, l’agriculteur conventionnel n’a pas besoin de nourrir le sol puisqu’il peut nourrir la plante grâce aux engrais chimiques.

La plante, au lieu de se servir en continu dans un sol riche en nutriments variés recevra par dose ponctuelle de l’azote, du potassium et du phosphore. Gavée momentanément, elle peut être affaiblie et quelques doses de pesticides supplémentaires seront donc nécessaires pour la protéger.

En croyant favoriser la plante cultivée, l’agriculteur conventionnel crée des déséquilibres dans le sol et dans l’environnement. La nature ayant horreur du vide, un nuisible éliminé laissera place à un autre nuisible peut-être plus résistant. C’est une spirale infernale qui entretient la dépendance aux produits chimiques de synthèse issus de la pétrochimie.

 

Le travail de l’agriculteur biologique est différent. N’ayant pas à disposition de produits chimiques de synthèse, ses actions sont avant tout basées sur la prévention. Son premier rôle est donc de créer un environnement favorable à la plante cultivée. Pour cela, une très bonne connaissance du milieu, du sol, du climat local est indispensable. Le choix des variétés se fait en fonction de ces caractéristiques.

L’agriculteur bio n’a que faire de nourrir sa plante, puisque c’est le sol qui est sensé s’en charger. Il met donc tout en œuvre pour enrichir la vie du sol. A cet effet, il dispose de différentes méthodes : compostage, paillage, rotation des cultures, engrais verts …

Pour lutter contre les nuisibles ou les mauvaises herbes, l’agriculteur biologique ne dispose pas de moyens chimiques. Il base son approche sur le fait que dans un système équilibré, le risque de prolifération d’un nuisible est limité. En effet si le système est équilibré, les populations sont naturellement régulées.

Cela induit deux choses :

-          Il doit encourager la biodiversité  à travers la mise en place de haies, de mares, de bandes enherbées…

-          Il doit accepter un certain seuil de perte lié à cet équilibre.

Cependant, un équilibre est toujours fragile et l’agriculteur bio doit parfois intervenir pour sauver sa récolte. Pour déterminer quand agir devient favorable, il établit des seuils de tolérance (de perte, de quantités de nuisibles…). Ses moyens d’action sont l’observation régulière de ses parcelles, la prévention, et en dernier recours un remède curatif naturel et autorisé en agriculture biologique.

On voit bien que l’agriculture biologique ne se résume pas à la suppression des intrants chimiques. Un agriculteur conventionnel qui déciderait d’arrêter les pesticides et les engrais chimiques en croyant se mettre au bio ferait fausse route et irait droit dans le mur.

L’agriculture biologique est une approche globale plutôt que centrée sur la plante cultivée. Le sol est au coeur de cette approche. Elle nécessite la mise en place d’un mode de pensée complètement différent et de nouvelles méthodes de culture.

 

En conclusion:

En tant que consommateur, le label agriculture biologique est l'un des seuls à nous garantir certaines conditions de production (absence de produits chimiques de synthèse, absence d'OGM...). 

Choisir une alimentation biologique c'est choisir de respecter l'environnement, la santé du producteur et la votre.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Félicitation pour ce partage d'expérience enrichissant
L
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Fin 2011, 4.5% des exploitations françaises travaillent en agriculture biologique (tout type d'exploitation).<br /> <br /> Quant à savoir combien d'exploitants travaillent le bio par conviction (et donc selon la philosophie de base) et combien par opportunisme (et font du bio "industriel"), c'est une autre histoire...<br /> <br /> Cependant, le cahier des charges de l'agriculture bio reposant à la base sur cette philosophie, les produits bio présentent dans tous les cas les garanties indiquées dans l'article.
M
Bonjour,<br /> <br /> Quel est le pourcentage de producteurs travaillant de cette façon biologique?
Publicité